d’un consul ; et la libéralité des Goths avait conservé aux professeurs de grammaire, de rhétorique et de jurisprudence, leurs pensions et leurs priviléges : mais la littérature latine ne suffisait pas à l’ardente curiosité de Boëce ; et on dit qu’il passa dix-huit ans dans les écoles d’Athènes[1], que soutenaient alors le zèle, le savoir et les soins de Proclus et de ses disciples. La raison et la piété du jeune Romain échappèrent heureusement à la contagion de ces folies de la magie et de la mysticité, qui souillaient les bocages de l’académie ; mais il y prit l’esprit, et il y adopta la méthode des philosophes, soit anciens, soit nouveaux, qui essayaient de concilier la raison forte et subtile d’Aristote avec les rêves pieux et sublimes de Platon. De retour à Rome, et après avoir épousé la fille du patricien Symmaque, son ami, il continua ses études dans un palais où brillaient de toutes parts le marbre et l’ivoire[2]. Il édifia l’Église
- ↑ On n’est pas sûr que Boëce ait étudié à Athènes. (Baronius, A. D. 510, no 3, d’après un traité De disciplinâ scholarum, lequel paraît supposé.) Le terme de dix-huit ans est sans doute trop long ; mais son voyage d’Athènes est attesté par un grand nombre d’auteurs (Brucker, Hist. crit. philosoph., t. III, p. 521-527), et par une expression vague et équivoque, il est vrai, de son ami Cassiodore (Var., I, 45), Longè positas Athenas introisti.
- ↑ Bibliothecæ comptos ebore ac vitro parietes, etc. Consol. philos., l. I, Pros. V, p. 74 ; les Épîtres d’Ennodius
est aujourd’hui dans la bibliothéque du grand duc à Florence, la Cenotaphia Pisana du cardinal Noris, p. 430-447.