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la cour de Byzance[1]. Après la mort d’Anastase, le diadème avait été placé sur la tête d’un faible vieillard ; mais le pouvoir se trouva entièrement placé entre les mains de Justinien, neveu du nouvel empereur, et qui déjà méditait l’extirpation de l’hérésie, et la conquête de l’Italie et de l’Afrique. Une loi rigoureuse, publiée à Constantinople afin de ramener les ariens au sein de l’Église par la crainte des châtimens, éveilla le juste ressentiment de Théodoric, qui réclamait pour ses frères de l’Orient l’indulgence qu’il avait accordée si long-temps aux catholiques de ses domaines. Ses ordres sévères firent partir le pontife de Rome et quatre illustres sénateurs, pour une ambassade auprès de l’empereur, dont ils devaient craindre également le bon ou le mauvais succès. Le monarque jaloux punit comme un crime la vénération qu’on témoigna au premier pape qui eût visité Constantinople. Il était probable que par ses refus, soit artificieux, soit péremptoires, la cour de Byzance fournirait un prétexte pour les représailles et donnerait l’occasion de les pousser beaucoup plus loin que l’offense. On prépara en Italie une ordonnance d’après laquelle, passé un jour fixé, l’exercice du culte catholique devait être entièrement prohibé. Le plus tolérant des princes se trouva, par le fanatisme de ses sujets et de ses ennemis, sur le point de

  1. Rex avidus communis exitii, etc. Boëce, l. I , p. 59. Rex dolum Romanis tendebat. Anonym. Valois, p. 723. Ces mots sont durs, ils annoncent la haine des Italiens, et je le crains, celle de Théodoric lui-même.