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dont il s’empara dans la dixième année de son règne.

Défaite et soumission des Allemands. A. D. 496.

On a mal à propos attribué l’origine du nom des Allemands à leur établissement imaginaire sur les bords du lac Léman[1]. Cette heureuse terre, depuis le lac jusqu’à Avenche et au mont Jura, était occupée par les Bourguignons[2]. Les féroces Allemands avaient à la vérité envahi la partie septentrionale de l’Helvétie, et avaient détruit de leurs propres mains le fruit de leur conquête. Une province embellie et civilisée par les Romains, redevint déserte et sauvage. On aperçoit encore dans la fertile vallée de l’Aar quelques vestiges de l’importante ville de Vindonisse[3]. Depuis les sources du Rhin jusqu’à son

    Grégoire de Tours, ses copistes ou ses lecteurs, ont tous confondu le royaume germain de Thuringia au-delà du Rhin, et la ville de Tongria sur la Meuse, anciennement la patrie des Éburons, et plus récemment le diocèse de Liège.

  1. Populi habitantes juxta Lemannum lacum, Alemanni dicuntur. Servius, ad Virgillum, Georgic., IV, 278. Dom Bouquet (t. I, p. 817) n’a cité que le texte plus récent et moins fidèle d’Isidore de Séville.
  2. Saint Grégoire de Tours envoie saint Lupicinus inter illa Jurensis deserti secreta, quæ, inter Burgundiam Alamanniamque sita, Aventicæ adjacent civitati, t. I, p. 648. M. de Watteville (Hist. de la Confédération helvétique, t. I, p. 9, 10) a décrit les limites du duché d’Allemagne et de la Bourgogne transjurane ; elles comprenaient les diocèses de Constance et d’Avenche ou de Lausanne, et se distinguent encore dans la Suisse moderne par l’usage de la langue française ou allemande.
  3. Voy. Guillemain, De reb. helvet., l. I, c. 3, p. 11, 12. Dans l’enceinte des murs de l’ancienne Vindonisse on a vu