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verger de ses propres mains[1]. Dès que les Barbares menaçaient la tranquillité de son royaume, car jamais ils n’y firent d’invasion, il établissait sa cour à Vérone[2], sur la frontière du nord ; et la représentation de son palais, qui subsiste encore sur une pièce de monnaie, offre le modèle le plus ancien et le plus authentique de l’architecture des Goths. Ravenne et Vérone, ainsi que Pavie, Spolette et Naples, et les autres villes d’Italie, virent sous son règne, des églises, des aqueducs, des bains, des portiques, et des palais s’élever dans leur enceinte[3] ; mais l’augmentation du travail et du luxe, l’accroissement rapide de la richesse nationale, et la liberté avec laquelle on en jouissait, montrent bien mieux les heureux effets de son administration. Des ombrages frais de Tivoli et de Preneste, les sénateurs romains allaient à l’entrée de l’hiver chercher le soleil et les eaux salutaires de Baies, et, de leurs maisons de

  1. Voyez une épigramme d’Ennodius (II, 3, p. 1893, 1894) sur ce jardin et son royal jardinier.
  2. Son affection pour cette ville est prouvée par ces mots Verona tua, et par la légende du héros. Sous le nom barbare de Dietrich de Berne (Voyez Peringsciold, ad Cochlœum, p. 240), Maffei suit avec plaisir et avec érudition les traces de Théodoric à Vérone, patrie de cet auteur, l. IX, p. 230-236.
  3. Voyez Maffei, Verona illustrata, part. I, p. 231, 232, 308, etc. Il impute l’architecture gothique, ainsi que la corruption du langage de l’écriture, etc., non pas aux Barbares, mais aux Italiens eux-mêmes. Comparez ses opinions avec celles de Tiraboschi, t. III, p. 61.