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Les lenteurs compliquées des procédures judiciaires réprimaient ou éludaient la violence des conquérans ; les honneurs et les émolumens de l’administration civile étaient réservés aux Italiens ; le peuple conservait sa langue et sa manière de s’habiller, ses lois et ses coutumes, sa liberté personnelle et les deux tiers des terres du pays. Auguste avait eu pour objet constant de cacher l’introduction de la monarchie ; et la politique de Théodoric tendit sans cesse à faire oublier qu’un Barbare était sur le trône[1]. Si ses sujets s’éveillaient quelquefois de l’illusion séduisante qu’ils se faisaient de vivre encore sous un gouvernement romain, c’était avec bien plus de fondement qu’ils s’applaudissaient alors de vivre sous un prince goth doué d’assez de pénétration pour voir ce qui convenait à ses intérêts et à ceux de son peuple, et d’assez de fermeté pour arriver à son but. Ce prince aimait les vertus qu’il possédait et les talens qu’il n’avait pas ; il nomma Liberius préfet du pré-

    avec un soin patriotique dans quel état se trouvaient alors les quatre provinces qui composent aujourd’hui le royaume de Naples, t. I, p. 173-178.

  1. Voy. l’Hist. des Goths de Procope (l. I, c. 1 ; l. II, c. 6) ; les Épîtres de Cassiodore passìm ; mais surtout les cinquième et sixième livres, qui contiennent les Formulæ : ou protocoles des patentes des emplois ; et l’Hist. civile de Giannone, t. I, l. II, III ; Maffei, Verona illustr., part I, l. VIII, p. 227, prouve cependant que les comtes goths, que cet auteur place dans toutes les villes d’Italie, n’existaient pas. Ceux de Syracuse et de Naples (Variar., VI, 22, 23) n’avaient qu’une commission spéciale et temporaire.