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sion des peuples de la Bourgogne, et que la conquête d’Arles et de Marseille ouvrit une communication avec les Visigoths, qui voyaient en lui leur protecteur et le tuteur du jeune fils d’Alaric, dont il était le grand-père. Ce fut à ce titre qu’il rétablit dans les Gaules la préfecture du prétoire, réforma quelques abus dans le gouvernement civil de l’Espagne, et accepta le tribut annuel et la soumission apparente du gouverneur militaire de la province, qui refusa prudemment de se rendre lui-même au palais de Ravenne[1]. Le roi des Goths donnait des lois de la Sicile au Danube, et de Sirmium ou Belgrade à l’Océan Atlantique ; et les Grecs eux-mêmes ont reconnu que Théodoric régnait sur la plus belle portion de l’empire d’Occident[2].

Gouvernement civil de l’Italie, d’après les lois romaines.

L’union des Goths et des Romains pouvait fixer sur l’Italie, pour des siècles peut-être, le bonheur passager dont elle jouissait alors. Du sein de la barbarie on pouvait voir s’élever un peuple nouveau, composé de citoyens libres et de soldats éclairés qui, rivalisant de vertus, se seraient placés au rang de la première des nations ; mais le mérite sublime de

  1. Les affaires de la Gaule et de l’Espagne sont rapportées, mais avec quelques contradictions, dans Cassiodore, Var., III, 32, 38, 41, 43, 44 ; V, 39 ; Jornandès, c. 58, p. 698, 699 ; et Procope, Gothic., l. I, c. 12. Je n’entreprendrai pas de concilier les argumens diffus et contradictoires de l’abbé Dubos et du comte du Buat sur les guerres de Bourgogne.
  2. Théophane, p. 113.