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perfidie, excita la jalousie de l’empereur Anastase, et la protection que le roi des Goths, dans les vicissitudes des choses humaines, accorda à l’un des descendans d’Attila, alluma la guerre sur les frontières de la Dacie. Sabinien, général recommandable par lui-même et par les services de son père, s’avança à la tête de dix mille Romains, et distribua aux tribus les plus belliqueuses de la Bulgarie les armes et les munitions portées à sa suite dans un grand nombre de chariots ; mais aux champs de Margus, l’armée des Goths et des Huns, inférieure en nombre, battit celle d’Anastase : l’empereur y perdit la fleur et même l’espérance de ses troupes ; et Théodoric avait inspiré une telle modération à ses soldats, que le général n’ayant pas donné le signal du pillage, les riches dépouilles de l’ennemi demeurèrent à leurs pieds sans qu’il y touchassent[1]. [Son armement naval. A. D. 509.]La cour de Byzance, irritée de cette défaite, arma deux cents vaisseaux et huit mille hommes, qui pillèrent la côte de la Calabre et de la Pouille. Ils assiégèrent l’ancienne ville de Tarente ; ils troublèrent le commerce et l’agriculture de ce pays fortuné, et retournèrent au détroit de l’Hellespont, fiers de leurs succès de pirates sur un peuple qu’ils osaient regarder encore comme sujet du même empire[2]. L’activité de Théodoric hâta

  1. Voy. les opérations sur le Danube et en Illyrie, dans Jornandès, c. 58, p. 699 ; dans Ennodius, p. 1607-1610 ; dans Marcellin, in Chron., p. 44, 47, 48 ; et dans Cassiodore, in Chron. et Variar., III, 23-50 ; IV, 13 ; VII, 4-24 ; VIII, 9, 10, 11-21 ; IX, 8, 9.
  2. Je ne puis m’empêcher de transcrire ici un passage du