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et celui-ci, d’après l’adoption militaire alors en usage, l’éleva au rang de son fils[1]. Les Estiens ou les Livoniens vinrent des bords de la Baltique déposer l’ambre de leurs rivages[2] aux pieds d’un prince dont la réputation les avait déterminés à entreprendre un voyage de quinze cents milles, sur des terres dangereuses qu’ils ne connaissaient pas. Il entretenait une correspondance amicale et suivie avec la région du Nord[3], d’où la nation des Goths tirait son origine ; les Italiens employaient dans leurs vêtemens les riches martres de la Suède[4] ; et un des souve-

  1. Variar., IV, 2. Cassiodore indique l’esprit et les formes de cette institution guerrière ; mais il paraît avoir fait passer les sentimens du roi des Goths dans le langage de l’éloquence romaine.
  2. Cassiodore, qui cite Tacite, en parlant aux sauvages Estiens qui habitaient les bords de la Baltique (Var., V, 2), dit que l’ambre, qui a toujours rendu leurs rivages célèbres, est la gomme d’un arbre, durcie par le soleil et lavée et purifiée par les vagues de la mer. Cette substance singulière, analysée par les chimistes, donne une huile végétale et un acide minéral.
  3. Jornandès (c. 3, p. 610-613) et Procope (Gothic., l. II, c. 15) décrivent Stanzia ou Thulé. Ils ne l’avaient vue ni l’un ni l’autre, mais ils avaient conversé avec les naturels de cette contrée dans l’exil de ceux-ci, soit à Ravenne, soit à Constantinople.
  4. Sapherinas pelles. Au temps de Jornandès, cette belle race d’animaux habitait le Suethans, ou la Suède proprement dite ; mais elle a été chassée peu à peu dans les parties orientales de la Sibérie. Voyez Buffon, Hist. natur., t. XIII, p. 309-313, in-4o ; Pennant, System of quadrupeds, vol. I,