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quer une tribu confédérée de Goths qui s’étaient rangés du parti de Basiliscus. Il partit de la Mœsie, d’après l’assurance solennelle qu’avant d’arriver à Andrinople, il trouverait un grand convoi de munitions, un renfort de huit mille cavaliers et trente mille hommes de pied ; et que les légions d’Asie, campées à Héraclée, seconderaient ses opérations. Des jalousies mutuelles empêchèrent l’exécution de ce plan : en avançant dans la Thrace, le fils de Théodemir n’aperçut devant lui qu’un pays désert et désolé. Ses soldats, égarés par la trahison de leurs guides, se trouvèrent avec les nombreux équipages de chevaux, de mulets et de chariots qui marchaient à leur suite, engagés dans les rochers et les précipices du mont Sondis, où il se vit assaillir par les armes et les invectives de Théodoric, fils de Triarius. D’une hauteur voisine, ce chef artificieux harangua l’armée des Walamirs ; il traita le général d’enfant, d’insensé, de parjure, de traître, d’ennemi de sa famille et de sa nation. « Ignorez-vous, s’écria-t-il, que les Romains ont toujours eu pour politique de détruire les Goths les uns par les autres ? Ne sentez-vous pas que dans cette guerre dénaturée le vainqueur sera trop justement la victime de leur implacable vengeance ? Théodoric, où sont ces guerriers, mésalliés et les tiens, qui, en se sacrifiant pour ta folle ambition, ont laissé des veuves éplorées ? Où sont les richesses qu’ils possédaient, lorsque, séduit par toi, ils abandonnèrent leurs foyers pour marcher sous ton étendard ? Chacun d’eux avait alors trois ou quatre che-