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mission et de reconnaissance. Un enfant, fils de sa fille Ariane, hérita sans contestation de l’empire d’Orient, et l’époux Isaurien d’Ariane, l’heureux Trascalisseus, quitta ce nom barbare pour prendre le nom grec de Zénon. Après la mort de Léon son beau-père, il s’approcha du trône de son fils avec un respect affecté, il accepta humblement, comme une faveur, le second rang dans l’empire ; et la mort subite et prématurée de son jeune collègue, dont la vie ne pouvait plus favoriser son ambition, fit naître dans le public des soupçons contre lui. Les femmes et leurs passions gouvernaient et agitaient alors le palais de Constantinople. Verina, veuve de Léon, réclamant l’empire comme sa propriété, osa prononcer une sentence de déposition contre l’ingrat serviteur qui ne devait qu’à elle seule le sceptre de l’Orient[1]. Du moment où Zénon fut instruit de la révolte, il s’enfuit avec précipitation dans les montagnes de l’Isaurie, et le servile sénat proclama d’une voix unanime Basiliscus, frère de Verina, déjà infâme par son expédition d’Afrique[2] ; mais le règne de l’usurpateur fut orageux et de courte durée. Basiliscus ne craignit pas d’assassiner l’amant de sa sœur ; il offensa celui de sa femme, le frivole et inso-

  1. Théophanes (p. 111) donne une copie de ses lettres sacrées aux provinces : ισ‌τε οτι βασιλειον ημετερον εσ‌τι… και οτι προχειρησαμεθα βασιλεα τραοκαλλισαιον, etc. De pareilles prétentions de la part d’une femme auraient étonné les esclaves des premiers césars.
  2. Voyez le Chapitre XXXVI de cet ouvrage.