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mens du savoir, qu’on imagina une marque grossière pour représenter la signature du roi de l’Italie, qui ne savait pas écrire[1]. Dès qu’il eut atteint l’âge de dix-huit ans, l’empereur le rendit au désir des Ostrogoths, qu’il voulait gagner par la générosité et la confiance. Walamir était mort dans une bataille ; Widimir, le plus jeune des trois frères, avait conduit une armée de Barbares en Italie et dans la Gaule, et toute la nation reconnaissait pour son roi le père de Théodoric. Ses farouches sujets admiraient la force et la stature du jeune prince[2], et il leur prouva bientôt qu’il ne dégénérait pas de la valeur de ses aïeux. Il quitta secrètement le camp à la tête de six mille volontaires, et alla chercher des aventures ; il descendit le Danube jusqu’à Singiduniun ou Belgrade, et revint bientôt vers son père avec les dépouilles d’un roi sarmate qu’il avait vaincu et tué. Mais tous ces triomphes ne produisaient que de la

  1. Les quatre premières lettres de son nom (ΘΕΟΔ) étaient gravées sur une planche d’or percée à jour. On la posait sur le papier, et le roi conduisait sa plume entre les intervalles. (Anonym. Valois, ad calcem Amm. Marcell., p. 722.) Ce fait authentique et le témoignage de Procope, ou du moins des Goths contemporains (Gothic., l. I, c. 2, p. 311), doivent faire plus d’impression que les vagues éloges d’Ennodius (Sirmond., opera, t. I, p. 1596), et de Théophanes (Chronograph., p. 112).
  2. Statura est quæ resignet proceritate regnantem. Ennod., p. 1614. L’évêque de Pavie, ou plutôt l’ecclésiastique qui songeait alors à devenir évêque, fait ensuite l’éloge du teint, des yeux, des mains, etc., de son maître.