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soigneusement leur système militaire, leurs levées, leurs armes, leurs exercices, leur subordination, leurs marches, leurs campemens, et leur invincible légion, si supérieure en force et en activité à la phalange macédonienne de Philippe et d’Alexandre. C’est à ses sages institutions de paix et de guerre, que Polybe attribuait le caractère et les succès d’un peuple incapable de crainte et ennemi du repos. Le vaste projet de conquête, que les nations auraient pu déconcerter en se réunissant à temps contre les Romains, fut entrepris et terminé avec succès ; et des vertus politiques, la valeur et la prudence, soutinrent le parti qui violait perpétuellement la justice et l’humanité. Les armées de la république, vaincues dans quelques batailles, mais toujours victorieuses à la fin de la guerre, s’avancèrent avec rapidité vers l’Euphrate, le Danube, le Rhin et l’Océan ; et l’or, l’argent, le cuivre, images qui ont pu servir à représenter les rois et leurs nations, furent successivement brisés sous le joug de fer de la domination romaine[1].

    dres, Scipion répéta deux vers de l’Iliade qui peignent la destruction de Troie, et avoua à Polybe, son ami et son précepteur (Polybe, in excerpt. de Virtut. et Vit., tom. II, p. 1455-1465), que, frappé des vicissitudes humaines, il les appliquait intérieurement aux calamités futures de Rome.

  1. Voyez Daniel, II, 31-40. « Et le quatrième royaume aura la force et la dureté du fer et le fer vient à bout de tout briser et de tout dompter. » Le reste de la prophétie, le mélange de fer et d’argile, fut accompli, selon S. Jérôme, dans le temps où il vivait. Sicut enim in principio nihil Romano