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Euric, roi des Visigoths. A. D. 476-485.

Dès qu’Odoacre eut renversé l’empire d’Occident, il rechercha l’amitié des plus puissans d’entre les Barbares. Le nouveau souverain de l’Italie fit à Euric, roi des Visigoths, l’abandon de toutes les conquêtes des Romains au-delà des Alpes jusqu’au Rhin et à l’Océan[1]. En ratifiant ce don magnifique, le sénat pouvait satisfaire sa vanité sans diminuer la puissance ou le revenu de l’état. Les succès d’Euric légitimèrent ses prétentions, et les Goths purent aspirer sous son commandement à la domination de l’Espagne et de la Gaule. Arles et Marseille se soumirent ; il se rendit maître de l’Auvergne, et l’évêque exilé consentit à mériter son rappel par un tribut de louanges justes, mais forcées. Sidonius attendit le monarque devant la porte de son palais, parmi une foule d’ambassadeurs et de supplians, dont les différentes affaires à la cour de Bordeaux attestaient la puissance et la renommée du roi des Visigoths. Les Hérules situés sur les côtes de l’Océan dont ils imitaient la teinte azurée dans les peintures dont ils ornaient leur nudité, venaient implorer sa protection, et les Saxons respectaient les provinces maritimes d’un prince dépourvu de vaisseaux. Les Bourguignons, à la haute stature, se soumirent à l’autorité d’Euric, et il ne rendit la liberté aux Francs qu’il tenait captifs, qu’après avoir forcé cette belliqueuse nation à recevoir

  1. Voyez Procope, De bell. Goth., l. I, c. 12, t. II, p. 31. La réputation de Grotius me fait penser qu’il n’a pas substitué le Rhin au Rhône (Hist. Goth., p. 175), sans l’autorité de quelque manuscrit.