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armes pesantes auraient diminué leur agilité et retardé la rapidité de leurs opérations irrégulières. Un empereur grec pria un des plus grands monarques de l’Angleterre, Henri II, de satisfaire sa curiosité relativement aux mœurs de la Bretagne ; et celui-ci put lui affirmer, d’après sa propre expérience, que le pays de Galles était habité par une race d’hommes qui combattaient tout nus et attaquaient hardiment leurs ennemis couverts d’armes défensives[1].

État obscur et fabuleux de la Bretagne.

La révolution de la Bretagne rétrécit l’empire de la science comme celui des Romains. L’épaisse obscurité, que les découvertes des Phéniciens avaient un peu éclaircie, et qu’avalent entièrement dissipée les armes de César, s’étendit de nouveau sur les côtes de la mer Atlantique ; et une province romaine se trouva de nouveau confondue dans le nombre des îles fabuleuses de l’Océan. Cent cinquante ans après le règne d’Honorius, le plus grave historien de ces temps raconte les prodiges[2] d’une île éloignée, dont la partie orientale est séparée de la partie occidentale par un mur antique, qui sert de borne entre la vie et la mort, ou, pour parler plus proprement,

  1. La peinture des mœurs du pays de Galles et de l’Armorique est tirée de Giraldus (Descript. Cambriæ, c. 6-15, inter script. Cambden., p. 886-891) et des auteurs cités par l’abbé de Vertot (Hist. crit., t. II, p. 259-266).
  2. Voy. Procope, De bell. goth., l. IV, c. 20, p. 620-625. L’historien grec paraît si confondu des prodiges qu’il raconte, qu’il tente faiblement de distinguer les îles de Brittia et de Bretagne, qu’il a identifiées d’avance par tant de circonstances inséparables.