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ment que quelques colonies anglaises eussent pu, dans l’espace de quelques générations, produire une population plus florissante ; mais ni le bon sens ni les faits connus ne peuvent autoriser à croire que les Saxons firent un désert du pays qu’ils avaient conquis. Après avoir assuré leur domination et satisfait leur vengeance, l’intérêt personnel engagea sans doute les Barbares à conserver les dociles paysans des campagnes aussi-bien que leurs troupeaux. Dans toutes les révolutions, les animaux deviennent la propriété utile de leurs nouveaux maîtres, et les besoins mutuels ratifient tacitement le pacte salutaire des travaux et de la subsistance. Wilfrid, l’apôtre de Sussex[1], reçut en présent du prince qu’il convertit la péninsule de Selsey, près Chichester, avec la propriété de quatre-vingt-sept familles qui l’habitaient. Ce saint personnage les affranchit sur-le-champ de toute servitude spirituelle et temporelle, et deux cent cinquante esclaves des deux sexes reçurent le baptême des mains de leur respectable maître. Le royaume de Sussex, qui s’étendait depuis la mer jusqu’à la Tamise, contenait sept mille familles :

    et idcirco nillius ditioni servivit, eò, quod sola indomitorum et sylvestrium animalium spelunca et habitatio fuit, apud Carte, vol. I, p. 195. L’évêque Nicholson m’apprend (Bibl. histor. angl., p. 65, 98) que l’on conserve dans les Bibliothéques d’Oxford, Lambeth, etc., de très-belles copies des volumineuses collections de Jean de Tinemouth.

  1. Voyez la mission de Wilfrid, etc., dans Bède, Hist. ecclés., l. IV, c. 13, 16, p. 155, 156, 159.