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Renommée du prince Arthur.

Dans un siècle de guerre perpétuelle ou au moins implacable, il fallait beaucoup de valeur et d’intelligence pour défendre la Bretagne. Au reste, on regrettera peu que les exploits de ses guerriers soient ensevelis dans l’oubli, si l’on daigne réfléchir que les siècles les plus dépourvus de sciences et de vertus ont produit une foule de héros renommés et sanguinaires. La tombe de Vortimer, fils de Vortigern, fut élevée sur les bords de la mer comme une borne formidable aux Saxons qu’il avait vaincus trois fois dans les plaines de Kent. Ambroise Aurélien descendait d’une famille noble de Romains[1]. Sa modestie égalait sa valeur, que le succès couronna jusqu’à l’action funeste dans laquelle il perdit la vie[2] ; mais l’illustre Arthur[3], prince des Silures, au sud

    720) ; et États de l’Europe (p. 76-80) ; Longuerue (Descript. de la France, t. I, p. 84-94), et l’abbé de Vertot (Hist. critiq. de l’établ. des Bretons dans les Gaules, 2 vol. in-12, Paris, 1720). Je puis me vanter d’avoir examiné l’original de l’autorité qu’ils ont produite.

  1. Bède, qui dans sa Chronique (p. 28), place Ambroise sous le règne de Zénon (A. D. 474-491), observe que ses parens avaient été purpurâ induti, ce qu’il explique dans son histoire ecclésiastique par regium nomen et insigne ferentibus, l. I, c. 16, p. 53. L’expression de Nennius (c. 44, p. 110, édit. de Gale) est encore plus singulière : Unus de consulibus gentil romanicæ, est pater meus.
  2. La conjecture unanime, mais suspecte de nos antiquaires, confond Ambroise avec Natanleod, qui périt avec cinq mille de ses sujets (A. D. 508), dans une bataille contre Cerdic, le Saxon d’Occident. Chron. saxon., p. 17, 18.
  3. Comme les bardes gallois, Myrdhin, Llomarch et