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aujourd’hui de faire en sorte que la postérité reconnaissante loue le mérite d’un étranger qui employa la valeur des Goths, non pas à renverser, mais à défendre l’Empire Romain et à maintenir sa prospérité[1] ». D’après ces vues pacifiques, le nouveau monarque des Goths suspendit les opérations de la guerre, et négocia sérieusement un traité d’alliance avec la cour impériale. Les ministres d’Honorius, qui se trouvaient dégagés de leur vœu absurde par la mort d’Alaric, avaient le plus grand intérêt à délivrer l’Italie de l’intolérable oppression des Goths, qui consentirent avec joie à servir contre les tyrans et les Barbares dont les provinces au-delà des Alpes étaient infestées[2]. Adolphe, devenu général des Romains, dirigea sa marche de l’extrémité de la Campanie vers les provinces méridionales de la Gaule. Ses troupes en arrivant occupèrent, de gré ou de force, les villes de Narbonne, de Toulouse et de Bordeaux ; et, quoique repoussées des murs de Marseille par le comte Boniface, elles étendirent bientôt leurs quartiers depuis la Méditerranée jus-

  1. Orose, l. VII, c. 43, p. 584, 585. Saint Augustin l’envoya, en 415, d’Afrique en Palestine, visiter saint Jérôme, et le consulter relativement à la controverse de Pélage.
  2. Jornandès suppose, sans beaucoup de probabilité, qu’Adolphe revint à Rome et la pilla une seconde fois, more locustarum erasit. Il convient cependant, avec Orose, que le roi des Goths conclut un traité avec Honorius. Voyez Orose, l. VII, c. 43, p. 584, 585 ; Jornandès, De reb. get., c. 31, p. 654, 655.