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dait la terreur et la dévastation sur les côtes de la Campanie et de la Toscane, la petite île d’Igilium, séparée par un canal étroit du promontoire Argentarien, repoussa ou éluda leurs attaques ; et à une si petite distance de Rome, une foule de citoyens trouvèrent leur sûreté dans les forêts de ce canton écarté[1]. Les vastes patrimoines qu’un grand nombre de sénateurs possédaient en Afrique, offrirent un asile à ceux qui eurent le temps et la prudence de fuir la désolation de leur patrie. Parmi ces fugitifs, on remarqua surtout la noble et pieuse Proba[2],

  1. Eminus Igilii sylvosa cacumina miror,
     Quem fraudare nefas laudis honore suæ ;
    Hæc proprios nuper tutata est insula saltus ;
     Sive loci ingenio, seu Domini genio.
    Gurgite cum modico victricibus obstitit armis,
     Tanquam longinquo dissociata mari.
    Hæc multos lacerâ suscepit ab urbe fugatos,
     Hîc fessis posito certa timore salus.
    Plurima terreno populaverat æquora bello,
     Contra naturam classe timendus eques,
    Unum, mira fides, vario discrimine portum !
     Tam propè Romanis, tam procul esse Getis.

        Rutilius, in Itiner., l. I, 325.

    L’île est connue aujourd’hui sous le nom de Giglio. Voy. Cluvier, Ital. antiq., l. II, p. 502.

  2. Comme les aventures de Proba et de sa famille sont liées avec la vie de saint Augustin, Tillemont s’est appliqué avec beaucoup de soin à les éclaircir (Mém. ecclés., t. XIII, p. 620-635). Quelque temps après leur arrivée en Afrique, Demetrias prit le voile, et fit vœu de virginité. On regarda cet événement comme très-intéressant pour Rome et pour le monde chrétien. Tous les saints écrivirent à Demetrias des lettres de félicitation. Celle de saint Jérôme existe encore