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premières maisons pour éclairer leur marche et distraire l’attention des citoyens. Les flammes, que personne ne s’occupait d’éteindre, consumèrent pendant la nuit des bâtimens publics et particuliers ; et les ruines du palais de Salluste[1] offraient encore, du temps de Justinien, un vaste monument des fureurs et de l’incendie des Goths[2]. Cependant un historien de ce siècle a observé que le feu pouvait difficilement consumer des couvertures et des poutres de cuivre massif, et que les efforts des hommes étaient insuffisans pour détruire les fondemens des anciens édifices. Peut-être sa dévote assertion n’est-elle pas tout-à-fait dénuée de vérité, lorsqu’il affirme que la colère du ciel suppléa à la faiblesse des Barbares, et que la foudre réduisit en poussière

  1. L’historien Salluste, qui pratiquait utilement les vices qu’il a censurés avec éloquence, employa les dépouilles de la Numidie à embellir son palais et ses jardins sur le mont Quirinal. L’endroit où il était situé est occupé aujourd’hui par l’église de Sainte-Susanne, séparée par une seule rue des bains de Dioclétien, et peu éloignée de la porte Salarienne. Voyez Nardini, Roma antica, p. 192, 193 ; et le grand Plan de Rome moderne, par Nolli.
  2. Les expressions de Procope sont claires et modérées, De bell. Vandal., l. I, c. 2. La Chronique de Marcellin paraît s’exprimer trop fortement, partis urbem Romæ cremavit ; et les expressions de Philostorgius, εν ερειπιοις δε της πολεος κειμενης (l. XII, c. 3) donnent une idée fausse et exagérée. Bargæus a composé une Dissertation particulière pour prouver que les édifices de Rome ne furent point détruits par les Goths et par les Vandales.