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troublé par la crainte d’un danger intérieur et imminent. Les nouvelles favorables qui arrivèrent d’Afrique changèrent l’opinion publique et l’état des affaires. Les troupes et les officiers, envoyés par Attale dans cette province, avaient été défaits et massacrés. Le zèle actif d’Héraclien maintenait l’obéissance des peuples soumis à son gouvernement. Il envoya une somme d’argent considérable pour assurer la fidélité des gardes impériales ; par sa vigilance à arrêter l’exportation d’huile et de grains, Rome éprouva la famine, et le mécontentement du peuple fit naître le tumulte et les séditions. Le mauvais succès de l’expédition d’Afrique devint la source de plaintes mutuelles et de récriminations entre les partisans d’Attale. Son protecteur se dégoûta insensiblement d’un prince qui manquait de talens pour commander, et de docilité pour obéir. Il adoptait les mesures les plus imprudentes sans en donner connaissance à Alaric, ou même contre son avis ; et le refus que le sénat fit d’admettre cinq cents Barbares au nombre des troupes qui s’embarquèrent, annonça une méfiance aussi imprudente dans la circonstance qu’elle était d’ailleurs peu généreuse. Jovius, nouvellement élevé au rang de patrice, enflamma par ses artifices le ressentiment du roi des Goths, et voulut ensuite excuser cette double perfidie en assurant qu’il n’avait feint d’abandonner le service d’Honorius que pour détruire plus facilement le parti de son rival. Dans une vaste plaine, auprès de Rimini, et en présence d’une multitude innombrable de