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dens auxquels la subsistance précaire de la capitale était continuellement exposée, en hiver, par les dangers de la navigation, avaient suggéré au génie du premier des Césars l’utile dessein qui s’exécuta sous le règne de l’empereur Claude. Les moles artificiels qui en formaient la passe étroite, s’avançaient dans la mer et repoussaient victorieusement la violence des vagues ; tandis que les plus gros vaisseaux étaient en sûreté à l’ancre dans trois bassins vastes et profonds, qui recevaient la branche septentrionale du Tibre à environ deux milles de l’ancienne colonie d’Ostie[1]. Le port des Romains était insen-

    siasme que tous les monarques de l’Europe réunis ne parviendroient point à exécuter un pareil ouvrage. Bergier, Hist. des grands chemins des Romains, t. II, p. 356.

  1. Ostia tiberina (voyez Cluvier, Italia antiqua, l. III, p. 870-879), les deux bouches du Tibre étaient séparées par l’île sacrée, triangle équilatéral dont les côtés étaient évalués à environ deux milles. La colonie d’Ostie était placée immédiatement au-delà de la branche gauche ou méridionale de la rivière, et le port au-delà de la branche droite ou septentrionale ; et la distance entre leurs restes, selon la carte de Cingolani, est d’un peu plus de deux milles. Du temps de Strabon, le sable et la vase avaient presque bouché le port d’Ostie ; le progrès de cette même cause a augmenté l’étendue de l’île sainte, et insensiblement Ostie et le port se sont trouvés à une distance considérable du rivage. Les canaux à sec, fiumi morti, et les vastes marais, stagno di Ponente, di Levante, marquent les retraites de la rivière et les efforts de la mer. Consultez, sur l’état de cette plage triste et solitaire, l’excellente carte de l’état ecclésiastique, par les mathématiciens de Benoît XIV, une vue de l’état