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cence et modération durant tout le cours de la négociation, exhala dans les termes les plus outrageans un vif ressentiment contre ceux qui insultaient si gratuitement sa personne et sa nation. Les conférences de Rimini furent brusquement rompues, et le préfet Jovius se vit forcé, à son retour à Ravenne, d’adopter et même d’encourager les opinions alors en faveur à la cour. Les principaux officiers de l’état et de l’armée furent obligés, d’après son avis et par son exemple, de jurer que, sans égard aux circonstances, sans écouter aucune condition de paix, ils continueraient une guerre perpétuelle et implacable contre l’ennemi de la république. Cet imprudent engagement mit un obstacle insurmontable à toute nouvelle négociation. On entendit déclarer aux ministres d’Honorius, que s’ils n’avaient invoqué dans leur serment que le nom de la Divinité, ils pourraient encore consulter l’intérêt de la sûreté publique, et se confier à la miséricorde du Tout-Puissant ; mais qu’ayant juré par la tête sacrée de l’empereur, qu’ayant touché de la main, dans une cérémonie solennelle, le siége auguste de la sagesse et de la majesté, ils s’exposeraient, en violant leur engagement, aux peines temporelles du sacrilège et de la rébellion[1].

  1. Zosime, l. V, p. 367, 368, 369. Cet usage de jurer par la tête, la vie, la sûreté ou le génie du souverain, était très-ancien en Égypte et en Scythie. Genèse, XLII, 15. L’adulation le fit bientôt passer chez les Césars ; et Tertullien se plaint de ce que, dans son temps, ce serment était