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perfide de leur sauver la vie, furent envoyés à bord d’un vaisseau et exécutes secrètement, tandis que la faveur dont jouissaient les eunuques leur procura un exil commode et sûr à Milan et à Constantinople. L’eunuque Eusèbe et le barbare Allobich succédèrent au commandement de la chambre et des gardes, et ces ministres subordonnés périrent tous deux victimes de leur mutuelle jalousie. Par les ordres insolens du comte des domestiques, le grand chambellan expira sous les baguettes en présence de l’empereur étonné ; et lorsque, peu de temps après, Allobich fut assassiné au milieu d’une procession publique, Honorius fit paraître pour la première fois de sa vie quelques lueurs de courage et de ressentiment ; mais avant de succomber, Eusèbe et Allobich avaient contribué, pour leur part, à la chute de l’empire en arrêtant la conclusion du traité que, par des motifs personnels et peut-être coupables, Jovius avait négocié avec Alaric dans une entrevue sous les murs de Rimini. Durant l’absence de Jovius, l’empereur se laissa persuader de prendre un ton de hauteur et de dignité inflexible qui ne convenait ni à sa situation ni à son caractère. Il fit expédier en son nom une lettre au préfet du prétoire, qui lui accordait la permission de disposer des richesses publiques, mais par laquelle Honorius refusait dédaigneusement de prostituer les honneurs militaires de l’empire aux orgueilleux désirs d’un Barbare. On communiqua imprudemment cette lettre à Alaric ; et le roi des Goths, qui s’était comporté avec dé-