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de quitter le baudrier militaire ; et quoique l’empereur l’eût assuré plusieurs fois lui-même que les hommes de son rang et de son mérite ne devaient point se regarder comme compris dans la loi, il refusa toute dispense particulière, et persévéra dans une disgrâce honorable, jusqu’au moment où il arracha à l’embarras du gouvernement romain un acte de justice générale. La conduite de Gennerid dans la place importante de maître général de la Dalmatie, de la Pannonie, de la Norique et la Rhétie, qui lui fut donnée ou rendue, sembla ranimer la discipline et l’esprit de la république. Les troupes oisives et manquant de tout, reprirent leurs exercices et retrouvèrent en même temps une subsistance assurée ; et sa générosité suppléa souvent aux récompenses que leur refusait l’avarice ou la pauvreté de la cour de Ravenne. La valeur de Gennerid, redoutée des Barbares voisins, devint le plus ferme boulevard de la frontière d’Illyrie, et ses soins vigilans procurèrent à l’empire un renfort de dix mille Huns, qui vinrent des confins de l’Italie, suivis d’un tel convoi de munitions et de bœufs et de moutons, qu’ils auraient suffi non-seulement pour la marche d’une armée, mais pour l’établissement d’une colonie ; mais la cour et les conseils d’Honorius offraient toujours le spectacle de la faiblesse, de la division, de la corruption et de l’anarchie. Les gardes, excités par le préfet Jovius, se révoltèrent, et demandèrent la tête de deux généraux et des deux principaux eunuques. Les généraux, trompés par une promesse