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par les vues intéressées du ministre Olympius. Sans écouter les sages remontrances du sénat, il renvoya les ambassadeurs sous une escorte militaire, trop nombreuse pour une suite d’honneur, et trop faible pour une armée défensive. Six mille Dalmatiens, la fleur des légions impériales, avaient ordre de marcher de Ravenne à Rome à travers un pays ouvert, occupé par la redoutable multitude des Barbares. Ces braves légionnaires, environnés, et trahis, payèrent de leur vie l’imprudence du ministère : Valens, leur général, se sauva du champ de bataille suivi de cent soldats ; et un des ambassadeurs, qui n’était plus autorisé à réclamer la protection du droit des gens, se vit réduit à racheter sa liberté au prix de trente mille pièces d’or. Cependant Alaric, au lieu de s’offenser de cette impuissante hostilité, renouvela ses propositions de paix ; et la seconde ambassade du sénat romain, soutenue et relevée par la présence d’Innocent, évêque de Rome, évita les dangers de la route par la protection d’un détachement de l’armée des Barbares[1].

Olympius[2] aurait peut-être encore insulté long-temps au juste ressentiment d’un peuple qui

  1. Zosime, l. V, p. 360, 361, 362. L’évêque évita, en restant à Ravenne, les calamités qui menaçaient la ville. Orose, l. VII, c. 39, p. 573.
  2. Relativement aux aventures d’Olympius et de ses successeurs au ministère, voyez Zosime, l. V, p. 363, 365, 366 ; et Olympiodore, ap. Phot., p. 180, 181.