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trésor public était épuisé, et les calamités de la guerre interceptaient les revenus de tous les grands domaines de l’Italie et des provinces. Durant la famine, on avait échangé l’or et les pierres précieuses contre les alimens les plus grossiers ; et l’avarice des citoyens s’obstinant à cacher leurs trésors, quelques restes des dépouilles consacrées offrirent la seule ressource qui demeurât encore à la ville, pour éviter sa destruction. Dès que les Romains eurent satisfait à l’avidité d’Alaric, ils commencèrent à jouir en quelque façon de la paix et de l’abondance. On ouvrit avec précaution plusieurs portes de la ville. Les Barbares laissèrent passer sans opposition les provisions sur la rivière et sur les chemins, et les citoyens coururent en foule au marché, qui tint trois jours de suite dans les faubourgs. Tandis que les marchands s’enrichissaient à ce commerce lucratif, on assurait la subsistance future de la ville en remplissant de vastes magasins publics et particuliers. Alaric maintint dans son camp une discipline plus exacte qu’on ne pouvait l’espérer ; et le prudent barbare prouva son respect pour la foi des traités par le châtiment sévère et juste d’un parti de Goths qui avait insulté des citoyens de Rome sur le

    vendait communément quinze deniers, ou environ dix schellings la livre. Voyez Pline, Hist. nat., XII, 14. On l’apportait des Indes, et le même pays, la côte de Malabar, en fournit toujours très-abondamment ; mais le commerce et la navigation ont multiplié la quantité et diminué le prix. Voyez Hist. polit. et philos., etc., t. I, p. 457.