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publique, de la sévérité des règles du christianisme ; mais lorsqu’on agita cette question dans le sénat, lorsqu’on exigea comme une clause essentielle que les sacrifices fussent célébrés dans le Capitole, en présence et sous l’autorité des magistrats, la majeure partie de cette respectable assemblée, craignant d’offenser ou Dieu ou l’empereur, refusa de participer à une cérémonie qui paraissait équivalente à la restauration du paganisme[1].

Alaric accepte une rançon, et lève le siége. A. D. 409.

Il ne restait de ressource aux Romains que dans la clémence ou du moins dans la modération du roi des Goths. Le sénat, qui, dans ces tristes circonstances, avait pris les rênes du gouvernement, lui envoya deux ambassadeurs. On confia cette commission importante à Basilius, espagnol d’extraction, qui s’était distingué dans l’administration des provinces, et à Jean, le premier tribun des notaires, également propre à cette négociation par sa dextérité dans les affaires, et par son ancienne intimité avec le prince barbare. Admis en sa présence, ils déclarèrent avec plus de hauteur peut-être que leur humble situation ne semblait le permettre, que les Romains étaient résolus de maintenir leur dignité, soit en paix, soit en guerre ; et que si Alaric refusait de leur accorder une capitulation honorable,

  1. Sozomène (l. IX, c. 6) insinue que cette expérience fut tentée sans succès ; mais il ne parle point d’Innocent ; et Tillemont (Mém. ecclés., tom. X, p. 645) est décidé à ne point croire qu’un pape ait été capable de cette complaisance impie.