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menta les horreurs de la famine. Les assurances répétées que donnait la cour de Ravenne de l’envoi d’un prompt et puissant secours, soutinrent quelque temps le courage défaillant des habitans de Rome. Privés enfin de toute espérance de secours humains, ils furent séduits par l’offre d’une délivrance surnaturelle. [Superstition.]Les artifices ou la superstition de quelques magiciens toscans avaient persuadé à Pompeïanus, préfet de la ville, que par la force mystérieuse des conjurations et des sacrifices, ils pouvaient extraire la foudre des nuages et lancer ces feux célestes dans le camp des Barbares[1]. On communiqua cet important secret à Innocent, évêque de Rome ; et le successeur de S. Pierre est accusé, peut-être sans fondement, de s’être relâché, pour le salut de la ré-

  1. Zosime (l. V, p. 355, 356) parle de ces cérémonies comme un Grec qui n’avait aucune connaissance des superstitions romaines ou toscanes. Je soupçonne qu’elles consistaient en deux parties, l’une secrète et l’autre publique. La première était probablement une imitation des enchantemens, au moyen desquels Numa avait fait descendre Jupiter et son tonnerre sur le mont Aventin.

    … Quid agant laqueis, quæ carmina dicant
    Quâque trahant superis sedibus arte Jovem,
    Scire nefas homini.

    Les ancilia ou boucliers de Mars, les pignora imperii que l’on portait en procession aux calendes de mars, tiraient leur origine de cet événement mystérieux. (Ovid., Fast. III, 259-398.) Le dessein était probablement de rétablir cette ancienne fête que Théodose avait supprimée. En ce cas-là, nous retrouvons une date chronologique (le 1er mars A. D. 409) que l’on n’a point encore remarquée.