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conspiration secrètement fomentée par la reine douairière, et deux comtes excitèrent une révolte dangereuse dans la Gaule Narbonnaise ; mais Recarède désarma les conspirateurs, défit les rebelles, et exerça une vengeance que les ariens auraient pu traiter à leur tour de persécution. Huit évêques, dont les noms attestent l’origine barbare, abjurèrent leur erreur, et les livres de théologie arienne furent réduits en cendres avec le bâtiment où on les avait rassemblés pour cet effet. Le corps de la nation des Suèves et des Visigoths rentra, soit par persuasion, soit de force, dans la communion orthodoxe ; du moins la foi de la génération naissante fut-elle fervente et sincère, et les Barbares enrichirent de leurs libéralités les églises et les monastères de l’Espagne. Soixante-dix évêques assemblés dans le concile de Tolède, reçurent la soumission de leurs vainqueurs, et le zèle des Espagnols perfectionna le symbole de Nicée en déclarant que le Saint-Esprit procédait également du Père et du Fils. Ce point de doctrine important produisit, long-temps après, le schisme des Églises grecque et latine[1]. Aussitôt après ce succès, le monarque des Visigoths envoya saluer et consulter de sa part le pape Grégoire, surnommé le Grand, prélat pieux et savant, qui eut le bonheur de voir

  1. Cette addition au symbole de Nicée, ou plutôt de Constantinople, fut faite pour la première fois dans le huitième concile de Tolède (A. D. 653) ; mais elle était conforme à la doctrine populaire. (Gérard Vossius, t. VI, p. 527, De tribus symbolis.)