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y fut initié par la cérémonie de la confirmation[1]. Le jeune prince, emporté par son zèle, et peut-être par l’ambition, oublia le devoir d’un fils et d’un sujet, et les catholiques d’Espagne, quoiqu’ils n’eussent point à se plaindre de la persécution, applaudirent à sa pieuse révolte contre un père hérétique. La guerre civile fut prolongée par les siéges opiniâtres que soutinrent Séville, Mérida et Cordoue, étroitement attachées au parti d’Hermenegild. Il invita les Barbares orthodoxes, les Suèves et les Francs, à envahir ses états héréditaires ; il sollicita le secours dangereux des Romains, qui possédaient l’Afrique et une partie des côtes maritimes de l’Espagne ; et l’archevêque Léandre, son pieux ambassadeur, négocia personnellement et avec succès près de la cour de Byzance ; mais l’activité d’un monarque qui disposait des forces et des trésors de l’Espagne, anéantit l’espoir des catholiques ; et le coupable Hermenegild, après avoir essayé successivement de résister et de fuir, fut forcé de se rendre et d’implorer la clémence d’un père justement irrité. Leuvigild n’avait point encore oublié que le rebelle était son fils ; il le dépouilla du rang et du titre de souverain, et lui permit de continuer à professer sa

  1. Les catholiques, qui reconnaissaient la validité du baptême des hérétiques, répétaient la cérémonie, ou, comme on l’appela par la suite, le sacrement de la confirmation, à laquelle ils attribuaient des prérogatives mystiques et merveilleuses, soit visibles ; soit invisibles. Voy. Chardon, Hist. des Sacremens, t. I, p. 405-552.