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quarante-huit mille trois cent quatre-vingt-deux[1]. Les deux classes de domiciles comprenaient, sous le nom de domus et d’insulæ, toutes les habitations de la capitale, depuis le superbe palais des Aniciens avec les nombreux logemens des affranchis et des esclaves, jusqu’à l’hôtellerie étroite et élevée où le poète Codrus occupait avec sa femme un misérable grenier, immédiatement sous les tuiles. En adoptant l’évaluation commune qu’on a cru pouvoir appliquer à la ville de Paris, où les habitans sont distribués à peu près de la même manière qu’ils l’étaient à Rome[2] ; et en accordant vingt-cinq personnes par maison de toute espèce, nous évaluerons les habitans de Rome à douze cent mille ; et ce nombre ne peut paraître excessif pour la capitale d’un puissant empire, quoiqu’il excède la population des plus grandes villes de l’Europe moderne[3].

  1. Ce nombre total est composé de mille sept cent quatre-vingts domus ou maisons principales, et quarante-six mille six cent deux insulæ ou habitations du peuple (voy. Nardini, Roma antica, l. III, p. 88) ; et ce dénombrement est justifié par la conformité des textes des différentes Notitiæ. Nardini, l. VIII, p. 498-500.
  2. Lisez les Recherches de M. de Messance, écrivain exact, sur la population, p. 175-187. Il assigne à Paris, d’après des calculs sûrs ou probables, vingt-trois mille cinq cent soixante-cinq maisons, soixante-onze mille cent quatorze familles, et cinq cent soixante-seize mille six cent trente habitans.
  3. Ce calcul ne diffère pas beaucoup de celui que M. Brotier, dernier éditeur de Tacite (t. II, p. 380) a fait