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Et leurs miracles.

L’exemple de la fraude excite naturellement le soupçon ; et l’on peut attribuer, avec plus de raison à l’industrie des catholiques d’Afrique qu’à la protection du ciel, les miracles qu’ils citèrent à l’appui de la justice et de la vérité de leur cause. Cependant l’historien qui examine cette querelle religieuse d’un œil impartial, peut se permettre de citer un de ces événemens surnaturels qui édifiera les dévots et étonnera les incrédules. Les habitans de Tipasa[1], colonie maritime de la Mauritanie, environ à seize milles de Césarée, s’étaient distingués dans tous les temps par leur zèle pour la foi orthodoxe, avaient bravé la fureur des donatistes[2], repoussé ou éludé la tyrannie des ariens. Ils abandonnèrent tous la ville à l’arrivée d’un évêque hérétique : ceux qui purent se procurer des vaisseaux passèrent sur les côtes d’Espagne, et ceux de ces malheureux persécutés qui demeurèrent en Afrique, refusant de reconnaître l’usurpateur, continuèrent à tenir leurs assemblées pieuses, mais illégales. Cette désobéis-

    la fausseté délibérée ou l’étrange méprise de Théodore de Bèze.

  1. Pline, Hist. natur., V, 1 ; Itiner., Wesseling, p. 15 ;. Cellarius, Géogr. antiq., t. II, part. 2, p. 127. Il ne faut pas confondre cette ville de Tipasa avec une autre du même nom, située en Numidie ; celle dont il est question devait être une ville un peu considérable, puisque Vespasien lui accorda les priviléges du Latium.
  2. Optat de Milève, De Schis. donatist., l. II, p. 38.