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rent[1]. Une interprétation allégorique, en forme peut-être de note marginale, passa dans le texte des bibles latines qui ont été revues et corrigées durant une période obscure de dix siècles[2]. Après l’invention de la presse[3], les éditeurs du Testament grec cédèrent ou à leurs propres préjugés, ou à ceux de leur temps[4] ; et la fraude pieuse que Rome et Genève embrassèrent avec un zèle égal, se répan-

  1. Ou plus proprement par les quatre évêques qui composèrent et publièrent la profession de foi au nom de leurs confrères. Ils appellent ce texte luce clarius. Victor Vitensis, De persecut. Vandal., l. III, c. 11, p. 54. Il est cité immédiatement après par Vigile et Fulgence.
  2. Dans les onzième et douzième siècles, les Bibles ont été corrigées par Lanfranc, archevêque de Cantorbery, et par Nicolas, cardinal et bibliothécaire de l’Église de Rome (secundùm orthodoxam fidem, Wetstein, Prolegomen., p. 84, 85.) Malgré ces corrections, ce passage manque encore dans vingt-cinq manuscrits latins (Wetstein, ad loc) les plus anciens et les plus beaux ; deux qualités qui s’unissent rarement, excepté dans les manuscrits.
  3. L’art que les Allemands avaient inventé fut employé en Italie pour les écrits des écrivains profanes de Rome et de la Grèce. L’original grec du Testament fut publié à peu près dans le même temps (A. D. 1514, 1516, 1520) par l’industrie d’Érasme et la libéralité du cardinal de Ximenès. La Polyglotte complutensienne coûta au cardinal cinquante mille ducats. Voyez Mattaire, Annal. typograph., t. II, p. 2, 8, 125-133 ; et Wetstein, Prolegomena, p. 116-127.
  4. Les trois témoignages ont été établis dans nos Testamens grecs par la prudence d’Érasme, la sincère bigoterie des éditeurs complutensiens, la fraude typographique ou l’erreur de Robert Étienne, qui a placé une virgule, et