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cathédrale de Carthage[1] ; mais il se lassa bientôt de ces égards, et prouva publiquement son mépris pour la religion de l’empire, en plaçant avec soin les scènes sanglantes de la persécution dans les rues que l’ambassadeur romain[2] devait traverser pour se rendre au palais. Hunneric exigea des évêques qui s’assemblèrent à Carthage un serment de conserver le trône à son fils Hilderic, et de renoncer à toute correspondance avec les étrangers et au-delà des mers. Les plus prudens de l’assemblée[3] refusèrent, sous le faible prétexte qu’il ne convenait pas à un chrétien de jurer ; mais comme cet engagement paraissait ne présenter rien de contraire à la morale ni aux devoirs de la religion, une pareille excuse dut exciter le ressentiment d’un tyran soupçonneux.

Fraudes des catholiques.

Les catholiques, opprimés par l’autorité royale et par la force militaire, étaient, pour le nombre et les lumières, fort supérieurs à leurs antagonistes. Les armes dont les pères grecs et latins s’étaient servis contre les disciples de l’arianisme, leurs servirent souvent à terrasser ou à réduire au silence les terribles

  1. Victor, II, 1, 2, p. 22.
  2. Victor, V, 7, 77. Il en appelle à l’ambassadeur lui-même : son nom était Uranius.
  3. Astutiores, Victor, IV, 4, p. 70. Il donne clairement à entendre que leur citation de l’Évangile, non jurabitis in toto, ne fut qu’un prétexte pour éluder le serment qu’on leur demandait. Les quarante-six évêques qui refusèrent furent bannis en Corse ; les trois cent deux qui firent le serment furent dispersés dans les provinces de l’Afrique.