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nal[1] déplore, à ce qu’il paraîtrait, d’après sa propre expérience, les souffrances des citoyens malaisés, auxquels il conseille de s’éloigner au plus vite de la fumée de Rome, et d’acheter, dans quelque petite ville de l’Italie, une maison commode, dont le prix n’excédera pas celui qu’ils payent annuellement pour occuper un galetas dans la capitale. Les loyers y étaient donc excessivement chers. Les riches sacrifiaient des sommes immenses à l’acquisition du terrain où ils construisaient leurs palais et leurs jardins ; mais le gros du peuple se trouvait entassé dans un petit espace, et les familles des plébéiens se partageaient, comme à Paris et dans beaucoup d’autres villes, les différens étages et les appartemens d’une même maison. 4o. On trouve dans la description de Rome, faite avec exactitude sous le règne de Théodose, que la totalité des maisons des quatorze quartiers de la ville montait à

    Tu nescis ; nam si gradibus trepidatur ab imis,
    Ultimus ardebit, quem tegula sola tuetur
    A pluviâ.

        Juven., Sat. III, 199.

  1. Lisez la troisième satire entière, mais particulièrement 166, 223, etc. La description de la foule entassée dans une insula ou auberge (voyez Pétrone, c. 95, 97), justifie les complaintes de Juvénal ; et Heineccius (Hist. jur. rom., c. 4, p. 181), dont l’autorité n’est pas récusable, nous apprend que du temps d’Auguste les différens cœnacula ou appartemens d’une insula, produisaient ordinairement un revenu de quarante mille sesterces, entre trois et quatre cents livres sterl. (Pandect., l. XIX, tit. II, no 30) ; somme qui prouve à la fois la grande étendue de ces bâtimens publics, et le prix élevé des logemens qu’ils renfermaient.