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fectionnée par le raisonnement, n’était pas corrompue par le fanatisme ; mais ceux qui avaient pu échapper aux fatigues et aux dangers de la route, se trouvèrent condamnés à toutes les misères d’une vie sauvage. 5o. Avant d’entreprendre une persécution, les princes devraient se demander sérieusement s’ils sont résolus de la soutenir jusqu’à la dernière extrémité : ils excitent la flamme en cherchant à l’éteindre, et ils ont bientôt à punir et le crime du coupable et sa désobéissance à la loi qui le châtie. L’amende qu’il refuse de payer, faute de moyen ou de volonté, expose sa personne à la rigueur de la loi, et l’inefficacité des punitions plus légères indique la nécessité d’une peine capitale. À travers le voile des fictions et des déclamations, on aperçoit distinctement que les catholiques éprouvèrent, principalement sous le règne d’Hunneric, les traitemens les plus cruels et les plus ignominieux[1]. Des citoyens respectables, des matrones d’une naissance illustre, des vierges consacrées, furent dépouillés de leurs vêtemens, suspendus en l’air par des poulies avec des poids attachés à leurs pieds. Dans cette pénible attitude, on leur déchirait le corps à coups de fouet, et on leur brûlait les parties les plus sensibles avec des fers rouges. L’amputation des oreilles, du nez, de la langue, de la main droite, fut un des supplices infligés aux catholiques par les

  1. Voyez le cinquième livre de Victor ; la justice de ses plaintes véhémentes est confirmée par le témoignage modéré de Procope, et par la déclaration publique de Justinien. Cod., l. I, t. 27.