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expressions violentes et terribles de Genseric, et ses intentions connues, ont autorisé à donner à ses actions l’interprétation la plus défavorable ; et les ariens furent accusés de tout le sang qui souilla les états et même le palais de Genseric. [Hunneric. A. D. 477.]Son fils Hunneric, tyran sans gloire, qui paraît n’avoir hérité que des vices de son père, exerça contre les catholiques les mêmes fureurs qui avaient été funestes à son frère, à ses neveux, aux amis et aux favoris de son père, et même au patriarche arien, qui fut inhumainement brûlé vif au milieu de Carthage. Une trêve insidieuse précéda et prépara la guerre de religion ; la persécution devint la principale et sérieuse affaire de la cour de Carthage, et la cruelle maladie qui hâta la mort d’Hunneric vengea les injures de l’Église sans contribuer à sa délivrance. Le trône d’Afrique fut successivement occupé par deux neveux d’Hunneric, [Gundamond. A. D. 484.]par Gundamond, qui régna environ douze ans, et par Thrasimond, qui gouverna les Africains durant vingt-sept années. Le parti orthodoxe eut également à souffrir de ces deux administrations. Gundamond sembla d’abord prétendre à égaler ou même à surpasser son oncle en cruauté, et lorsqu’à la fin il se repentit, lorsqu’il rappela les évêques et rendit la liberté à la doctrine de S. Athanase, sa mort fit perdre tout le fruit de cette clémence tardive. [Thrasimond. A. D. 496.]Son frère Thrasimond, le plus grand et le plus accompli des rois des Vandales, fut célèbre par sa beauté, sa prudence et sa grandeur d’âme ; mais son fanatisme et les moyens insidieux qu’il employa pour le satisfaire, ternirent ces qualités bril-