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milles[1]. On ne doit pas oublier que le plan de la ville formait presque un cercle, et que cette figure géométrique est celle qui contient le plus d’espace dans une circonférence donnée. 2o. L’architecte Vitruve, qui vivait du temps d’Auguste, et dont l’autorité a un grand poids dans cette occasion, observe que pour que les habitations du peuple romain ne s’étendissent pas fort au-delà des limites de la ville, le manque de terrain, probablement resserré de tous côtés par des jardins et des maisons de campagne, suggéra la pratique ordinaire, quoique incommode, d’élever les maisons à une hauteur considérable[2] : mais l’élévation de ces bâtimens, souvent construits à la hâte et avec de mauvais matériaux, occasionna des accidens fréquens et funestes ; et les édits d’Auguste et de Néron défendirent plusieurs fois d’élever les maisons des particuliers, dans l’enceinte de Rome, à plus de soixante-dix pieds du niveau des fondemens[3]. 3o. Juvé-

  1. Olympiodore, apud Phot., p. 197. Voyez Fabricius, Bibl. græc., t. IX, p. 400.
  2. In eâ autem majestate urbis, et civium infinitâ frequentiâ innumerabiles habitationes opus fuit explicare. Ergo cùm recipere non posset area plana tantam multitudinem in urbe, ad auxilium altitudinis ædificioriun res ipsa coegit devenire. Vitruv. II, 8. Ce passage, dont je suis redevable à Vossius, est clair, important et remarquable.
  3. Les témoignages successifs de Pline, Aristide, Claudien, Rutilius, etc., prouvent que ces édits prohibitifs ne suffirent point pour arrêter l’abus. Voy. Lipse, De magnitudine romanâ, l. III, c. 4.

    … Tabulata tibi jam tertia fumant,