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enflammer et éclairer un jour les nations de l’Occident. Quelque corrompu qu’ait été leur christianisme, les Barbares trouvaient dans la loi des principes d’équité, et dans l’Évangile des préceptes de charité et d’indulgence ; et si la connaissance de leur devoir ne suffisait pas pour diriger leurs actions ou pour régler leurs passions, ils étaient retenus quelquefois par la conscience, et souvent punis par le remords ; mais l’autorité immédiate de la religion avait moins d’empire sur eux que la confraternité qui les unissait avec tous les chrétiens. L’influence de ce sentiment contribuait à maintenir leur fidélité au service ou à l’alliance des Romains, à adoucir les horreurs de la guerre, à modérer les rigueurs de la conquête, et à conserver dans la chute de l’empire le respect du nom et des institutions de Rome. Dans les jours du paganisme, les prêtres de la Gaule et de la Germanie commandaient au peuple, et contrôlaient la juridiction des magistrats ; les prosélytes zélés poussèrent encore plus loin l’obéissance pour les pontifes de la foi chrétienne. Le caractère sacré des évêques tirait encore de l’autorité de leurs possessions temporelles ; ils occupaient une place honorable dans les assemblées législatives des soldats et des hommes libres ; et il était de leur intérêt autant que de leur devoir d’adoucir par leurs conseils pacifiques la férocité des Barbares. La correspondance continuelle du clergé latin, les pèlerinages fréquens de Rome et de Jérusalem, et l’autorité naissante des papes, cimentèrent l’union de la république chrétienne, et produisirent