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de l’Italie. Les Francs et les Saxons persévéraient dans les erreurs du paganisme ; mais les Francs obtinrent la monarchie de la Gaule par leur soumission à l’exemple de Clovis ; et les missionnaires de Rome éclairèrent la superstition sauvage des conquérans Saxons de la Bretagne. Les prosélytes barbares déployèrent avec succès leur zèle ardent pour la propagation de la foi[1] ; les rois mérovingiens et leurs successeurs Charlemagne et les Othon étendirent l’empire de la croix par leurs lois et par leurs victoires ; l’Angleterre produisit l’apôtre de la Germanie, et la lumière de l’Évangile se répandit insensiblement depuis les bords du Rhin jusqu’aux nations voisines de l’Elbe, de la Vistule et de la mer Baltique.

Motifs de leur foi.

Il n’est pas aisé d’établir les différens motifs, soit de raison, soit de passion, qui purent contribuer à la conversion des Barbares ; le caprice, un accident, un songe, un présage ou le récit d’un miracle, l’exemple d’un prêtre ou d’un héros, les charmes d’une épouse pieuse, et plus encore le succès d’une prière ou d’un vœu adressé au Dieu des chrétiens dans le moment du danger[2]. Le torrent, l’habitude

  1. Mosheim a donné une esquisse des progrès du christianisme dans le nord, depuis le quatrième siècle jusqu’au quatorzième. Ce sujet offrirait des matériaux suffisans pour une histoire ecclésiastique, et même pour une histoire philosophique.
  2. C’est à cette cause que Socrate (l. VII, c. 30) attribue la conversion des Bourguignons, dont Orose a célébré la piété chrétienne, l. VII, c. 19.