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tères s’accrut avec le temps, et souffrit peu de quelques circonstances accidentelles qui pouvaient la diminuer ; leurs possessions s’étendirent bientôt sur les campagnes et jusque dans les villes voisines ; et dans le premier siècle de leur institution, le païen Zosime a observé malignement, que, pour le service des pauvres, les moines chrétiens avaient réduit à la mendicité une grande partie de l’espèce humaine. Cependant aussi long-temps qu’ils conservèrent leur première ferveur[1], ils se montrèrent les fidèles et judicieux dispensateurs des charités qui leur étaient confiées ; mais leur discipline se relâcha dans la prospérité. La vanité fut une suite de l’opulence, et le faste une suite de la vanité. On pouvait excuser la magnificence du culte religieux, et le luxe des bâtimens destinés à une société toujours renaissante ; mais l’Église a déclamé, dès les premiers siècles, contre la corruption des moines, qui, oubliant l’objet de leur institution, se livraient aux vanités et aux voluptés du monde auquel ils avaient renoncé[2], et abu-

    ou à Dieu que vous l’offrez ? Si c’est à Dieu, celui qui pèse l’univers dans sa balance n’a pas besoin que vous lui appreniez la valeur de votre argent. » Pallad., Hist. Laus., c. 10, in Vit. Patrum, l. VIII, p. 715.

  1. Το πολυ μερος της γης ωκειωσαντο, προφασει των μεταδιδοναι παντα πτωχοις, παντας (ως ειπειν) πτωχο‌υς κατασ‌τησαντες. (Zosime, l. V, p. 325.) La puissance souveraine des bénédictins s’élevait cependant de beaucoup au-dessus de l’opulence des moines d’Orient.
  2. Le sixième concile général, le Quinisext. in Trullo, canon 47 (dans Beveridge, t. I, p. 213), défend aux