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agissaient toutefois avec plus ou moins de force, selon le caractère et la situation. La raison rejetait quelquefois leur influence, et les passions l’emportaient souvent sur le fanatisme. Il étendait principalement son empire sur les âmes tendres, sur les esprits faibles des femmes et des enfans. Il se fortifiait de l’influence du malheur ou de quelques remords secrets, et des considérations d’intérêt ou de vanité purent aussi venir quelquefois à son aide. On supposait naturellement que des moines humbles et pieux, qui avaient renoncé au monde pour accomplir l’œuvre du salut, étaient les hommes les plus propres à diriger le gouvernement spirituel des chrétiens ; et l’ermite, arraché malgré lui de sa cellule, allait, au milieu des acclamations du peuple, s’asseoir sur le siège archiépiscopal. Les monastères de l’Égypte, de la Gaule et de l’Orient fournissaient une succession abondante de saints et d’évêques ; et l’ambition découvrit bientôt la route qui conduisait aux richesses et aux honneurs[1]. Les moines répandus dans le monde partageaient les succès et la réputation de leur ordre, travaillaient assidûment à

    les étoiles. Dans sa comparaison d’un roi à un moine, il suppose (ce qui n’est pas trop juste) que le roi sera récompensé d’une manière moins brillante, et puni avec plus de sévérité.

  1. Thomassin, Discipline de l’Église, t. I, p. 1426-1469 ; et Mabillon, Œuvres posthumes, tom. II, p. 115-158. Les moines furent admis peu à peu dans la hiérarchie ecclésiastique.