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rang distingué avait l’administration des caves publiques, et une très-grande partie des vendanges de la Campanie était réservée pour les habitans de la capitale.

Bains publics.

Les admirables aqueducs, si justement célébrés par Auguste, remplissaient les Thermæ ou les bains construits dans tous les quartiers de la ville avec une magnificence impériale. Les bains de Caracalla, qui étaient ouverts à des heures fixes pour le service des sénateurs et du peuple indistinctement, contenaient plus de seize cents siéges de marbre, et l’on en comptait plus de trois mille dans les bains de Dioclétien[1]. Les murs élevés des appartemens étaient couverts de mosaïques qui imitaient la peinture par l’élégance du dessin et par la variété des couleurs. On y voyait le granit d’Égypte artistement incrusté du précieux marbre vert de la Numidie. L’eau chaude coulait sans interruption dans de vastes bassins à travers de larges embouchures d’argent massif ; et le plus obscur des Romains pouvait, pour une petite pièce de cuivre, se procurer tous les jours la jouissance d’un luxe fastueux, capable d’exciter l’envie d’un monarque asiatique[2]. On voyait

  1. Olympiodore, apud Phot., p. 197.
  2. Sénèque (epist. 56) compare les bains de Scipion l’Africain dans sa maison de campagne à Liternum, avec la magnificence toujours croissante des bains publics de Rome, long-temps avant l’établissement des bains superbes de Caracalla et de Dioclétien. Le quadrans qu’on payait pour y entrer était la quatrième partie de l’as, à peu près la huitième du penny anglais.