Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/459

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dans le déclin et la division de l’empire, Rome se vit enlever le tribut des moissons de l’Afrique et de l’Égypte, ses habitans diminuèrent avec les moyens de subsistance, et la population fut engloutie par les fléaux de la guerre, de la famine et de la contagion[1]. Saint Ambroise a déploré la ruine d’un district florissant, qui comptait au nombre de ses villes Bologne, Modène, Reggio et Plaisance[2] ; le pape Gélase, sujet d’Odoacre, affirme à la vérité, avec beaucoup d’exagération, que la province Æmilienne, la Toscane et les provinces voisines étaient presque entièrement dépeuplées[3]. Les plébéiens de Rome, accoutumés à recevoir leur subsistance des empereurs, périrent ou disparurent dès que cette libéralité fut supprimée. Le déclin des arts réduisit les citoyens industrieux à l’oisiveté et à la misère ; et les sénateurs, qui auraient peut-être contemplé

    nistration des terres chez les Romains (p. 351-361) exposent clairement les progrès de cette décadence.

  1. Un poète français a décrit éloquemment en prose et en vers la famine qui affligea l’Italie lorsqu’elle fut envahie par Odoacre, roi des Hérules (les Mois, t. II, p. 174-206, édit. in-12). J’ignore où il a puisé ses autorités ; mais je suis convaincu qu’une partie des faits qu’il raconte est incompatible avec la vérité de l’histoire.
  2. Voyez la trente-neuvième épitre de saint Ambroise, telle qu’elle est citée par Muratori, Sopra le antichita Ital., t. I, Dissert., XXI, p. 354.
  3. Æmilia, Tuscia, cæteræque provinciæ in quibus hominum prope nullus exsistit. Gelasius, epist. ad Andromach., apud Baron., Annal. eccles., A. D. 496, no 36.