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fit respecter ses frontières par les Barbares de la Gaule et de la Germanie, qui insultaient depuis si long-temps les faibles descendans de Théodose. Odoacre passa la mer Adriatique pour châtier les assassins de Nepos, et envahir en même temps la province maritime de Dalmatie. Il traversa les Alpes pour délivrer les restes de la Norique des mains de Fava ou Feletheus, roi des Rugiens, qui habitait au-delà du Danube. Feletheus perdit la bataille, et fut fait prisonnier. Odoacre ramena en Italie une colonie nombreuse de captifs et d’hommes libres ; et Rome, après une longue suite de disgrâces, put s’enorgueillir du triomphe de son roi barbare[1].

Triste situation de l’Italie.

Malgré la prudence et les succès d’Odoacre, son royaume offrait de toutes parts la misère et la désolation. Dès le siècle de Tibère, on s’était plaint en Italie de la décadence de l’agriculture ; et les Romains, forcés de tirer leur subsistance des provinces éloignées, la voyaient avec inquiétude dépendre des accidens de la mer et des vents[2] ; mais lorsque

    15. Seize ans après, le pape Symmaque condamna dans un synode romain la conduite irrégulière du préfet Basilius.

  1. On trouve un récit abrégé des guerres d’Odoacre dans Paul Diacre (De gestis Longobard., l. I, c. 19, p. 757, édit. Grot.), et dans les deux Chroniques de Cassiodore et de Cuspinien. La Vie de saint Severin par Eugippe, que le comte du Buat (Hist. des peupl., etc. t. VIII, c. 1, 4, 8, 9) a soigneusement étudiée, jette des lumières sur les ruines de la Norique et les antiquités de la Bavière.
  2. Tacite, Annal., III, 53. Les Recherches sur l’admi-