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était monté de deux mille cinq cents livres sterling à celui de quatre-vingt mille[1]. Le nouveau propriétaire l’embellit à l’aide des arts de la Grèce et des trésors de l’Asie ; les maisons et les jardins de Lucullus tenaient un rang distingué dans la liste des palais impériaux[2]. Lorsque les Vandales répandirent la terreur sur les côtes de la mer, la maison de Lucullus, située sur le promontoire de Misène, prit insensiblement la forme et le nom d’une forteresse, retraite obscure du dernier empereur de l’Occident. Environ vingt ans après, on en fit une église et un monastère pour y déposer les restes de saint Severin, et parmi les trophées brisés des victoires sur les Cimbres et les Arméniens, ils y reposèrent en sûreté jusqu’au commencement du dixième siècle ; les habitans de Naples détruisirent alors cette forteresse, de peur qu’elle ne servît de repaire aux Sarrasins[3].

  1. De sept myriades et demie, à cent cinquante myriades de drachmes. Cependant, dans le temps où elle appartenait à Marins, on la regardait comme une habitation de luxe. Les Romains ridiculisaient l’indolence du maître, et ils pleurèrent bientôt de son activité. Voyez Plutarque, in Mario, t. II, p. 524.
  2. Lucullus avait à Baies, à Naples, à Tusculum, etc., d’autres maisons de campagne égales en magnificence, quoique variées dans leurs ornemens. Il se vantait de changer de climat avec les grues et les cigognes. Plutarque, in Lucul., t. III, p. 193.
  3. Saint Severin mourut dans la Norique, A. D. 482. Six ans après, son corps fut transporté en Italie par les dis-