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et leur assura un revenu de six mille pièces d’or[1]. Les anciens Romains, aussitôt qu’ils purent respirer des fatigues de la guerre punique, furent attirés par la beauté et le charme des plaines de la Campanie ; et la maison de campagne que Scipion l’ancien fit construire à Liternum, offrit long-temps un modèle de leur simplicité rustique[2]. Les côtes délicieuses de la baie de Naples se couvrirent de maisons de campagne ; Sylla loua son rival d’avoir habilement placé sa résidence sur le promontoire de Misène, qui commande de tous côtés la terre et la mer jusqu’aux bornes de l’horizon[3]. Lucullus avait acheté, peu d’années après, la maison de Marius, et le prix

  1. Ingrediens autem Ravennam, deposuit Augustulum de regno, cujus infantiam misertus concessit ei sanguinem ; et quia pulcher erat, tamen donavit ei reditum sex millia solidos, et misit eum intra Campaniam cum parentibus suis liberè vivere. Anonym. Val., p. 716. Jornandès dit (c. 46, p. 680) in Lucullano Campaniæ castello exilii pœna damnavit.
  2. Voy. la déclamation éloquente de Sénèque, epist. 86. Le philosophe aurait dû se souvenir que le luxe est relatif ; et que Scipion l’ancien, dont l’étude et la conversation avaient adouci les mœurs, fut accusé de ce vice par ses contemporains peu civilisés. Tite-Live, XXIX, 19.
  3. Sylla louait en soldat ce qu’il appelait sa peritia castrametandi. Pline, Hist. nat., XVIII, 7. Phèdre, qui a placé sous ses ombrages, Læla viridia, le lieu de la scène d’une fable insipide (Fable II, 5), en décrit ainsi la situation :

    Cæsar Tiberius quum petens Neapolim,
    In Misenensem villam venisset suam ;
    Quæ monte summo posita Luculli manu
    Prospectat Siculum et prospicit Tuscum mare.