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liens, par le sénat et par les provinces de la Gaule. On célébra hautement ses vertus morales et ses talens militaires ; et ceux qui tiraient quelque avantage de son gouvernement annoncèrent d’un ton prophétique le retour de la prospérité publique[1]. En moins d’une année leurs espérances, en supposant qu’ils en eussent conçu quelques-unes, furent entièrement anéanties, et le règne court et obscur de Julius-Nepos n’offre pour événement qu’un traité de paix qui cédait l’Auvergne aux Visigoths. L’empereur d’Italie sacrifia à sa sûreté personnelle les plus fidèles sujets de la Gaule[2] ; mais son repos fut bientôt troublé par une terrible révolte des Barbares confédérés, qui partirent de Rome sous la conduite d’Oreste, leur commandant, pour l’assiéger dans Ravenne. Tremblant à leur approche, au lieu de mettre sa confiance dans la force de la place, Nepos s’enfuit précipitamment sur ses vaisseaux, et se retira dans sa principauté de Dalmatie, sur la côte opposée de la mer Adriatique. Au moyen de cette honteuse abdication, il traîna sa vie, durant cinq années,

  1. Julius Nepos armis pariter summus Augustus ac moribus. Sidonius, l. V, epist. 16, p. 146. Nepos donna à Ecdicius le titre de patrice qu’Anthemius lui avait promis. Decessoris Anthemii fidem absolvit. Voyez l. VIII, epist. 7, p. 224.
  2. Nepos envoya saint Épiphane comme ambassadeur chez les Visigoths, pour fixer fines imperii italici. (Ennodius in Sirmond, t. I, p. 1665-1669.) Son discours pathétique déguisa le secret honteux qui excita depuis les justes et amers reproches de l’évêque de Clermont.