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s’occupait sérieusement de l’élection d’un nouveau collègue. L’impératrice Vorine, jalouse d’élever sa propre famille, avait marié une de ses nièces à Julius-Nepos, qui régnait sur la Dalmatie depuis la mort de son oncle Marcellin ; possession bien plus réelle que le titre d’empereur d’Occident, qu’on le força d’accepter : mais la cour de Byzance agissait avec tant de lenteur et d’irrésolution, que plusieurs mois s’écoulèrent après la mort d’Anthemius et même d’Olybrius, sans que celui qui devait leur succéder pût se montrer à ses sujets d’Italie avec des forces capables de le faire respecter. Dans cet intervalle, Gundobald revêtit de la pourpre Glycerius, guerrier obscur attaché à son service ; mais le prince bourguignon manqua de moyens ou de volonté pour allumer une guerre civile en faveur de son protégé. Son ambition personnelle le rappela au-delà des Alpes[1], et son client eut la permission d’échanger le diadème d’empereur de l’Occident pour la mitre d’évêque de Salone. Après s’être défait de son compétiteur, l’empereur Nepos fut reconnu par les Ita-

    Jornandès (c. 45, p. 679) ; la Chronique de Marcellin et les Fragmens d’un auteur anonyme, publiés par Valois à la fin d’Ammien (p. 716, 717). Sans la malheureuse concision de Photius, nous aurions pu tirer de grands secours des histoires contemporaines de Malchus et de Candidus.

  1. Voyez saint Grégoire de Tours, l. II, c. 28, t. II, p. 175 ; Dubos, Hist. crit., t. I, p. 613. Par la mort ou par le meurtre de ses deux frères, Gundobald acquit la possession entière du royaume de Bourgogne, dont leurs discordes avaient préparé la ruine.