Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/440

Cette page a été validée par deux contributeurs.

peut conjecturer qu’une assemblée d’un petit nombre de sénateurs scissionnaires proclama Olybrius, en imitant les formes ordinaires de la république ; mais le peuple et le corps du sénat restèrent fidèles à Anthemius, et le secours d’une armée de Visigoths prolongea durant trois mois son règne et les calamités d’un siège accompagné de la famine et de la peste. Enfin Ricimer fit attaquer vigoureusement le pont d’Adrien ou de Saint-Ange, et les Goths défendirent avec intrépidité cet étroit passage jusqu’à la mort de leur chef Gilimer ; mais les troupes victorieuses, renversant tous les obstacles, se précipitèrent, avec une impétuosité irrésistible, jusque dans le cœur de la ville, et Rome (si nous pouvons employer les expressions d’un pape contemporain) fut bouleversée par les fureurs mutuelles de Ricimer et d’Anthemius[1]. On arracha le malheureux empereur de sa retraite ; le patrice fit immoler inhumainement son beau-père, et ajouta par sa mort un troisième ou peut-être un quatrième empereur au nombre de ses victimes. Les soldats, qui réunissaient les fureurs des citoyens factieux à la férocité des nations barbares, se rassasièrent impunément de meurtres et de pillage. La foule d’esclaves et de plébéiens

  1. Nuper Anthemii et Ricimeris civili furore subversa est. Gélas., in epist. ad Andromach. apud Baron., A. D. 496, no 42. Sigonius (t. I, l. XIV, de Occidentali imperio, p. 542, 543) et Muratori (Annali. d’Italia, t. IV, p. 308, 309) ont éclairci cette scène sanglante et obscure avec le secours d’un manuscrit moins imparfait de l’Historia Miscella.